Les défis

La sélection génétique pour des porcs plus efficaces et plus musclés a eu pour conséquence d’augmenter la production de chaleur métabolique de ces animaux. Jumelées à ce changement, la durée et l’intensité des vagues de chaleur au Québec sont en hausse depuis quelques années. Bien que la plupart des animaux souffrent de fortes températures, l’espèce porcine est désavantagée, puisqu’elle ne possède aucune glande sudoripare lui permettant d’évacuer la chaleur supplémentaire. Une production laitière soutenue génère beaucoup de chaleur et demande, par le fait même, beaucoup d’énergie à la truie en lactation. C’est un double défi lorsqu’il fait très chaud !

Impacts de la chaleur

Un stress de chaleur survient lorsque la température de l’environnement s’élève à tel point que la truie n’arrive pas à réguler la température de son corps, soit en transférant la chaleur supplémentaire par conduction (contact) ou évaporation (halètement). L’humidité relative amplifie le phénomène. Une truie en lactation qui souffre de chaleur halètera (respiration accélérée), aura une température rectale plus élevée après la mise-bas et consommera plus d’eau qu’habituellement. En gestation en parc, l’activité des truies sera réduite, les zones de repos et de défécation ne seront plus délimitées; les truies se couchant séparément les unes des autres et dans le fumier pour se rafraichir. Les conséquences du stress de chaleur se reflètent également sur la productivité des animaux :

• ↑ de la durée de mise-bas
• ↓ de la prise alimentaire = ↓ de la production laitière = ↓ du gain de portée
• ↑ de l’intervalle sevrage-saillie
• Selon le moment où le stress thermique survient durant le cycle : ↓ du taux de fertilité et porcelets + petits à la naissance.

De façon générale, la consommation des truies en lactation sera réduite de 10 à 15% en été et la consommation d’eau augmentée jusqu’à 50%. Pour les primipares, qui ont déjà une consommation d’aliment inférieure aux multipares, les effets négatifs sur la productivité sont amplifiés.

Moyens d’atténuer les impacts

• Environnement

Des solutions permettant de diminuer la température ambiante ou d’augmenter la perte de chaleur des animaux existent. La ventilation aide, mais son effet est généralement limité aux températures inférieures à 23 °C. Entre 23 et 28 °C, il faudra plutôt augmenter la vitesse d’air sur les animaux. Finalement, au-delà de 28 °C, l’utilisation de technologies permettant de refroidir l’air et de mouiller les animaux en alternance (gicleur, goutte-à-goutte, etc.) avec une vitesse d’air élevée est recommandée.

Évidemment, en salle de mise-bas, le contrôle des sources de chaleurs pour les porcelets, telles les lampes infrarouges, est nécessaire.

• Régie de l’alimentation

Accès à l’eau : D’importance capitale, l’eau doit être disponible en tout temps et, évidemment, elle doit être de qualité. Un débit d’au moins 3L/minute est suggéré. La préférence ira à une eau fraîche (< 20 °C).

Modification de l’horaire d’alimentation : Il est possible de profiter du fait que les nuits sont plus fraîches en modifiant l’horaire d’alimentation. Pour l’alimentation manuelle, un horaire de travail débutant plus tôt le matin (5 h) aidera ainsi que la distribution d’un plus gros repas en fin de journée lorsque la température redescend. Pour les systèmes automatisés d’alimentation, un horaire et des pourcentages de distribution différents permettront de déplacer la majeure partie de la consommation durant la nuit. Naturellement, les truies auront tendance à préférer consommer au moment le plus frais de la journée, la modification du patron de lumière aidera à changer le patron de consommation des truies. Distribuer au moins 60 à 70 % de la quantité d’aliment entre le soir (18 h) et le matin (7 h). L’utilisation de trémies à volonté est également une façon de permettre à la truie de modifier elle-même son horaire d’alimentation sans affecter les horaires de travail.

Gaspillage aliment : Les systèmes d’alimentation humide augmentent le gaspillage en période de stress thermique, puisque la truie s’aspergera du mélange eau-moulée pour se rafraîchir. La moulée humide rancira aussi beaucoup plus rapidement en période chaude. Les systèmes d’alimentation sèche avec eau séparée sont à privilégier et, particulièrement, ceux à volonté.

Type d’aliment : Il est possible de fournir un aliment nutritionnellement plus dense pour pallier la diminution de consommation. Entre autres, l’utilisation de la Lactation 19 est privilégiée en été. L’aliment » été » ne doit pas entraîner une hausse de production de chaleur métabolique. La consultation auprès des conseillers en nutrition est recommandée.

Bulletin technique Olymel