La planification efficace des réformes est primordiale puisqu’elle permet d’augmenter la productivité tout en contrôlant le coût de production.  Gardez en tête que le taux de réforme est composé de la somme des truies envoyées à l’abattoir et des mortes à l’intérieur du troupeau.  On peut maintenant planifier sur une base mensuelle le nombre de sujets destinés à l’abattoir.  Ainsi pour un troupeau de 1000 truies présentes visant un renouvellement de 42% avec une mortalité moyenne de 7%, il reste 35% de truies à réformer durant l’année.  Ceci représente 350 sujets annuellement, ce qui équivaut à une trentaine mensuellement.

La seconde partie de la planification réside dans l’établissement des priorités.  En analysant les chiffres techniques de la ferme, il faut établir les points à améliorer pour orienter les critères de réformes dans cette direction.

S’il faut travailler la fertilité, les critères des réformes devraient être :

  • Ne venant pas en chaleur
  • Vide après saillie
  • Truies ayant avorté
  • Infection

S’il faut travailler sur les critères de mise-bas, on devrait focaliser sur :

  • Accident à la mise-bas
  • Performance de naissance insuffisante
  • Trouble de lactation
  • Performance de sevrage insuffisante
  • Baisse de productivité

Il est également impératif de s’assurer que les truies remises en production aient la capacité de faire un autre tour de roue.  Il faut donc prendre le temps de regarder chacune d’entre elles avant le sevrage.  Pour débuter la réforme par les sujets qui présentent : des problèmes de boiterie, d’aplomb ou une condition de santé précaire.  Le but premier est de pouvoir envoyer ces sujets à la réforme plutôt que dans le bac d’animaux morts.

Pour la planification des réformes, certains outils sont mis à votre disposition.  Pour les critères de fertilité, la liste des truies classées sur l’ISSF (intervalle sevrage saillie fécondante) peut être sortie une fois par mois.  Ceci vous permet donc d’identifier dans votre troupeau les truies à problème pour éviter les saillies sur retour.   Vous pouvez également utiliser les fiches truies pour identifier les sujets à problème. Toujours avec les fiches truies, une identification des sujets avec faible nés totaux ou faible capacité à sevrer vous permettra de déterminer au sevrage, en considérant la moyenne du troupeau, s’il vaut la peine de la conserver pour un autre cycle.  Considérez également le nombre de truies que vous avez à votre disposition pour la saillie.  Si en additionnant vos sevrés, cochettes, traineuses et retours de chaleur prévues pour une semaine de saillie, il vous manque de sujets, il sera plus avantageux de garder quelques truies avec un historique de sevrage plus faible plutôt que d’avoir une cage de mise-bas vide. Évidemment, cette façon de faire devrait être utilisée sporadiquement puisqu’une saine gestion des cochettes de remplacement est encore votre meilleur outil pour atteindre une bonne performance et être rentable.

Il est également intéressant de tenir compte des fluctuations du marché pour adapter le nombre de réformes.  Comme ce marché est variable, on peut augmenter la sévérité d’un critère lorsque les conditions du marché sont favorables, puisque le coût de remplacement est plus faible pour l’entreprise.  Inversement, en période creuse, on peut réduire la cadence d’introduction de cochettes.  Il faut cependant tenir compte de certains paramètres.  Si on réforme plus agressivement, il faudra entrer plus de sujets reproducteurs durant cette période pour garder la même productivité et éviter les cages vides en mise-bas quelques mois plus tard.  Il faut donc s’entendre avec le fournisseur de reproducteurs et considérer la stabilité sanitaire du troupeau.

En résumé, prenez le temps de planifier votre réforme en vous fixant des objectifs découlant des performances actuelles et souhaitées pour votre troupeau.  Utilisez les outils mis à votre disposition ainsi que votre expert-conseil.  Bonne réflexion.

Auteur

Jean-François Blais

Expert-conseil en production porcine